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Type de textesource
TitreΠοικίλη ἱστορία
AuteursÉlien (Κλαύδιος Αἰλιανός)
Date de rédaction(201):(235)
Date de publication originale
Titre traduitHistoires variées
Auteurs de la traductionLukinovitch, Alessandra
Morand, Anne-France
Date de traduction1991
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

(II, 3)

Alexandre, ayant vu à Ephèse son portrait peint par Apelle, n’en fit pas les éloges que méritait la peinture. Mais son cheval ayant été mis en présence du tableau se mit à hennir dans la direction du cheval représenté sur le portrait, comme s’il était vivant lui aussi : « Eh bien ! roi, lui dit alors Apelle, ton cheval paraît s’entendre beaucoup plus que toi à la peinture ».

(XIV, 8)

Polyclète fit deux sculptures de même sujet, l’une complaisante à l’égard des foules et l’autre selon les règles de son art. Il s’efforça de plaire au grand nombre de la manière que voici : au gré de chacun qui entrait, il changeait et modifiait quelque détail de la sculpture, obéissant aux suggestions de tous. Il produisit enfin les deux œuvres. L’une fut louée par tous, et l’on se moqua de l’autre. Polyclète prit alors la parole et dit : « Celle que vous critiquez, c’est vous qui l’avez faite, tandis que celle que vous admirez est de moi ».

, p. 31

L\'art de Théon était, comme on s\'accorde à le dire, remarquable à bien des égards, mais tout particulièrement parce qu\'il avait réalisé cette peinture: un hoplite accourant à la rescousse, alors que les ennemis attaquent à l\'improviste, massacrent et ravagent le pays. Le jeune homme est représenté de manière réaliste et avec beaucoup d\'expression, comme quelqu\'un qui s\'élance au combat, et tu dirais qu\'il est pris de délire, comme si Arès le rendait fou. Ses yeux dardent de manière effrayante, il a l\'air d\'avoir saisi les armes à la hâte et de s\'élancer contre les ennemis dans une course précipitée. Il jette déjà le bouclier en avant et brandit son glaive nu, comme un homme pris de fureur meurtrière. Son regard est injecté de sang, et toute son attitude est menaçante et laisse pressentir qu\'il n\'épargnera personne. Théon n\'a rien ajouté d\'autre à son tableau, ni un simple soldat, ni un commandant de corps, ni un commandant de compagnie, ni un cavalier ni un archer, mais ce seul hoplite lui a suffi pour réaliser amplement l\'intention de l\'image. Avant de découvrir et de montrer le tableau à ceux qui s\'étaient réunis pour le voir, l\'artiste plaça à côté de l\'oeuvre un trompettiste et lui ordonna de jouer la mélodie de l\'assaut, de la manière la plus perçante et puissante possible, comme on le fait pour appeler au combat. Ils entendirent donc la mélodie rude et terrible, comme celle que les trompettes font résonner pour la sorite d\'hoîles se précipitant à la rescousse, et au même instant le tableau fut dévoilé et l\'on vit le soldat: la mélodie rendait encore plus efficace la représentation de l\'homme s\'élançant à l\'attaque.

, p. 13

Quand Alexandre vit son portrait peint par Apelle à Éphèse, il ne loua pas ce tableau à sa juste valeur. Mais son cheval, qu’on avait amené, hennit à l’encontre de celui du portrait, comme s’il s’agissait d’un autre cheval réel. « Mon roi, dit Apelle, il semble que ton cheval soit bien plus amateur de peinture que toi. »

, p. 13

Quand Alexandre vit son portrait peint par Apelle à Éphèse, il ne loua pas ce tableau à sa juste valeur. Mais son cheval, qu’on avait amené, hennit à l’encontre de celui du portrait, comme s’il s’agissait d’un autre cheval réel. « Mon roi, dit Apelle, il semble que ton cheval soit bien plus amateur de peinture que toi. »

, p. 126

Le souvenir de beaucoup d’amours vécus par les Anciens nous a été transmis, et tout particulièrement de ceux-ci : Pausanias aima sa propre femme, et Apelle aima la concubine d’Alexandre qui s’appelait Pancasté et qui était originaire de larissa. Ce fut la première femme, dit-on, à laquelle Alexandre s’unit.

, p. 154

Polyclète fit deux sculptures de même sujet, l’une complaisante à l’égard des foules et l’autre selon les règles de son art. Il s’efforça de plaire au grand nombre de la manière que voici : au gré de chacun qui entrait, il changeait et modifiait quelque détail de la sculpture, obéissant aux suggestions de tous. Il produisit enfin deux œuvres. L’une fut louée par tous, et l’on se moqua de l’autre. Polyclète prit alors la parole et dit : « Celle que vous critiquez, c’est vous qui l’avez faite, tandis que celle que vous admirez est de moi. »

(X, 10), p. 105

Lorsque la peinture était à ses débuts et qu\'elle était en quelque sorte au sein maternel et dans les langes, on peignait les animaux et les végétaux de manière si maladroite que les peintres écrivaient sur les dessins: \"Ceci est un bœuf, ceci un cheval, ceci un arbre.\"

(IX, 11), p. 94

Le peintre Parrhasius portait des habits de pourpre et une couronne d’or : nous le savons par toutes sortes de témoins mais surtout par de nombreux portraits qui le représentent et qui sont accompagnés d’inscriptions. Une fois, participant à un concours à Samos, il y trouva un adversaire qui avait un niveau presque équivalent au sien, et il perdit. Le sujet de son tableau était la rivalité d’Ajax et d’Ulysse pour l’obtention des armes d’Achille. Battu, à un ami qui s’affligeait pour lui, Parrhasios répondit avec beaucoup d’esprit : personnellement, lui dit-il, il se souciait peu de sa défaite, mais il était triste pour le fils de Télamon, qui perdait ainsi une seconde fois pour la même cause. Il possédait un bâton cerclé de spirales d’or et attachait les languettes de ses sandales avec des lanières dorées. On dit par ailleurs qu’il exécutait ses travaux artistiques sans peine et sans se laisser rebuter ; au contraire, il s’y livrait volontiers et avec aisance. En effet, il chantait et chantonnait pour essayer d’alléger l’effort exigé par le métier. C’est Théophraste qui le dit.

(4, 3), p. 54

Polygnote de Thasos et Denys de Colophon étaient tous deux peintres. Polygnote peignait des sujets d\'envergure et obtenait des prix avec des figures grandeur nature, alors que Denys imitait avec précision et en tout, les dimensions mises à part, l\'art de Polygnote sentiment, caractère, gestes et attitudes, finesse des vêtements, etc.

(IV, 12), p. 57-58

Zeuxis d\'Héraclée, lorsqu\'il peignit Hélène, gagna beaucoup d\'argent avec ce tableau. En effet, il ne permettait pas à quiconque de la voir librement et comme il l\'entendait, mais il fallait verser un montant donné, et à cette seule condition on pouvait la regarder. Comme  l\'homme d\'Héraclée se faisait payer pour montrer ce tableau, les Grecs de son époque appelaient son Hélène Courtisane.